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...Nos aventures sur le continent Américain...
27 novembre 2014

Potosi, ses mines, ses enfants, son couvent, et sa Casa de la Moneda

Nous sommes arrivés lundi dans la célèbre ville de Potosi. Célèbre pour ses mines qui ont fait la richesse de l'Espagne de Charles Quint. Effectivement, on trouve à Potosi le "Cerro Rico", ce qui signifie "Montagne Riche". On y a extrait pendant des centaines d'années de l'argent que les conquistadors envoyaient à la couronne d'Espagne. Bonheur des uns donc, mais surtout malheur des autres : les esclaves y travaillaient parfois plus de 48h d'affilées, sans manger, sans boire, juste en mâchant des feuilles de coca, un coupe faim, encore utilisé aujourd'hui pour combattre le mal d'altitude entre autre, que leur vendaient leur maître... Oui oui, vous avez bien lu... Les esclaves devaient payer pour aller se tuer au travail dans les mines... Car évidemment, on y mourrait déjà à l'époque, et on y meurt encore aujourd'hui... Car oui, la mine, bien que peu productive de nos jours, continue d'avaler chaque jours des centaines de mineurs. Attraction phare de la ville, la visite du gruyère qu'est devenu le Cerro Rico, attire de nombreux touristes. Même si ces visites peuvent permettre à certains de quitter l'enfer de la mine, (tous les guides sont d'anciens mineurs), on se questionne sur la perspicacité et sur la décence de jouer au mineur pendant 3 heures alors que les hommes qui y vont chaque jour risquent leur vie et y laissent leur santé. Les conditions de travail sont horribles : les hommes travaillent dans le noir, dans des espaces confinés, où il sont obligés d'être courbés, par 35°C à certains endroit, avec peu d'air (des générateurs envoient de l'air sous pression dans les boyaux), et leur espérance de vie ne dépasse pas 50 ans. Bref vous l'aurez compris, Germinal ici c'est encore d'actualité.

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Nous n'avons pas fait la visite des mines. Nicolas, qui était venu faire une mission humanitaire en 2010 à Potosi, avec l'association étudiante "Mission Potosi", était descendu dans une des mines. L'expérience est intense...
A la place, nous avons eu l'occasion de retourner dans le centre pour enfants où il avait passé un mois : Robertito. Le but de ces centres (il en existe plusieurs) est d'empêcher les enfants de suivre leur père et d'aller dans les mines avec eux. Certaines familles habitent autour des bouches, elles sont même parfois chargées de les garder, et les enfants jouent autour... Il n'y a parfois qu'un pas entre "jouer devant" et "travailler dedans"... En arrivant à Potosi nous avons eu la bonne surprise d'apprendre qu'une partie des étudiants de la mission humanitaire étaient encore sur place. Mathieu, en place à Robertito, nous a donc gentiment proposé de l'accompagner le lendemain. Nous sommes montés au centre avec un bus de mineurs, et c'est un drôle de sentiment que j'ai ressenti... Ces visages impassibles qui nous observaient, se demandant probablement ce que 3 gringos comme nous faisaient au milieu de ce bus qui n'avait clairement pas une vocation touristique. Et moi qui me sentait comme honteuse d'être née du bon côté. Pour eux encore une journée rythmée par les coups de pioches et les détonations de dynamites, pour nous, encore des découvertes et du plaisir. Alors ce matin, nous avons tenté de donner autant que nous recevons chaque jour... Nous avons joué avec les enfants, câliné, fait abstraction des verrues sur les doigts et des joues cracras, donné du temps, de l'affection, de l'attention et beaucoup de sourires... Même si sur ce dernier point, encore une fois nous avons reçu plus!! 

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Certains enfants se souvenaient de Nicolas, et sont allés lui montrer les photos accrochées dans le réfectoire. Dessus, un Nico avec 4 ans de moins, et sans barbe... Cette dernière a d'ailleurs beaucoup intriguée, dans un pays où la plupart des hommes sont imberbes.
Durant cette petite journée, j'ai pour ma part fait un grand écart avec mon expérience québécoise! Peu de règles, une liberté totale d'aller et venir entre le centre et l'extérieur, même pour les petits de 5 ans, des outils, comme des cutters, éparpillés un peu de partout, pas d'eau courante, et une hygiène inexistante... Mais quelle débrouillardise chez ses enfants... Pas de chicanes, pas de pleurs. Juste de la joie de vivre, qui détonne au milieu de toute cette misère... Quelle bouffée d'oxygène de les voir plein d'entrain pour tout et rien. Alors on laisse de côté nos petits tracas et on entre dans cette danse de bonne humeur, en poussant les balançoires, en portant, en faisant tourner, en chatouillant ce concentré d'innocence. 

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Aujourd'hui, mercredi 26, nous avons visité le couvent Ste Theresa. Entrer dans ce couvent était un immense privilège et seule la deuxième fille des riches famille avaient l'honneur d'y entrer... Enfin, honneur... Façon de parler... Car entrer au couvent, s'était aussi y mourrir. Les filles n'avaient plus le droit d'en sortir et même une fois morte, elle étaient dans un premier temps recouverte de chaux dans des fausses individuelles, qui se trouvaient sous le plancher d'une des salles du couvent, et 3 ans plus tard, les ossements étaient déplacés dans la fosses commune, qui se trouvaient toujours dans cette même salle, à quelques centimètres des fosses individuelles. Faisant veux de pauvreté, elle devaient travailler pour vivre, et fabriquaient donc des osties et des pâtisseries. Avant une certaine réforme, lors des visites de leurs parents, elles ne pouvaient ni les voir, ni les toucher et leur parlaient donc à travers un drap opaque. Quelques années plus tard, ce drap se transforma en une grille, ce qui permettait aux familles de se voir et de se toucher. Les sœurs n'avaient le droit de parler que pendant 2h dans la journée, à condition de faire autre chose en même temps, comme par exemple de la broderie.
Le couvent n'accueille aujourd'hui qu'une dizaine de sœurs, volontaires, qui sont libres d'aller et venir et qui continuent de confectionner les osties pour toute la région de Potosi. Richement décoré à ce jour, ce n'était pas le cas au temps de la période coloniale, puisqu'encore une fois, le veux de pauvreté leur interdisait la présence d'œuvres d'art. Et pourtant de l'art il y en avait à foison. Les familles qui ne pouvait pas payer pour leur fille (l'entrée au couvent coutait l'équivalent de 6000€ actuels) faisaient des dons en nature, et donc en œuvre d'art.
La visite dura 1h30 et fut patronnante! Mais quand même... La religion, quelle folie parfois... Quelles tortures que la flagellation, l'enfermement, la privation... 

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L'après-midi, nous sommes allé visiter la casa de la moneda. Un ancien bâtiment colonial ou était frappée la monnaie d'Espagne et de Bolivie. La fabrique fonctionna jusqu'en 1950, après cela la Bolivie fit faire sa monnaie au Canada, puis actuellement au Chili. Encore une fois, les hommes qui y travaillait ne vivaient pas vieux... Il mourraient de pneumonie ou de cancer des poumons à cause des émanations de mercure, utilisé dans le processus de purification de l'argent.
Lorsque les pièces étaient frappées une par une à la main, 500 pièces par jour sortaient de la fabrique. Avec l'arrivée des nouvelles technologie, c'est 600 pièces par heures qui étaient fabriquées!

imageDemain, nous partons pour Uyuni et son Salar... De là, nous passerons au Chili! Nous vous donnons des nouvelles bientôt! Grosses bises à tous!

 

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Commentaires
J
Merci de toutes ces belles images ! et encore une fois l'on peu constater que la pauvreté n'engendre pas forcément la tristesse, surtout chez les enfants ! Bisous JCP
B
Bonsoir à vous <br /> <br /> Votre visite à Potosi est pleine d'émotion et on comprend bien pourquoi Nicolas avait très envie de retourner avec toi sur les lieux de sa mission.<br /> <br /> J'ai beaucoup aimé les photos : les regards, les sourires de certains enfants et votre investissement.<br /> <br /> On vous embrasse<br /> <br /> Jean-Pierre
C
Que dire?.... nos petits tracas de gens bien installés avec un toit sur la tête et tout le reste... ce partage nous remet en place, merci vous deux! bon le couvent, euh... à oublier! merci pour ces belles photos d'enfants, cela me touche dans mon confort d'européenne qui se plaint de petits bobos... bises mes petits voyageurs!
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